Le rôle des systèmes EGR et AdBlue
EGR signifie Exhaust Gas Recirculation. Le principe est de réinjecter une partie des gaz brûlés dans l'admission afin de diminuer la température de combustion. La formation d'oxydes d'azote diminue alors à l'échappement.
AdBlue alimente un catalyseur SCR. L'urée se transforme en ammoniac, qui réagit avec les NOx pour les convertir en azote et eau. Ces dispositifs existent pour répondre aux normes anti-pollution et aux cycles d'homologation.
Les limites écologiques à considérer
Ce que mesurent les tests
- Baisse des NOx au pot d'échappement.
- Conformité aux seuils réglementaires sur les cycles d'essai.
Ce que les tests ne montrent pas directement
- Empreinte carbone de la production d'urée et de la logistique.
- Risque de glissement d'ammoniac en cas de dysfonctionnement.
- Déchets et pièces supplémentaires à produire et à recycler.
Conclusion responsable: l'efficacité locale sur les NOx est réelle. Le bilan global dépend de l'état du système, du profil d'usage et du cycle de vie complet.
Fiabilité et coûts d'entretien
EGR: pannes rencontrées
- Encrassement de la vanne et pertes de performances.
- Refroidisseur EGR fissuré avec consommation de liquide de refroidissement.
- Fuites au niveau des durites et raccords.
AdBlue: pannes rencontrées
- Pompe et injecteur AdBlue défaillants.
- Cristallisations et dépôts dans la ligne.
- Sondes NOx capricieuses, voyants récurrents.
Ces défaillances multiplient les passages atelier et les coûts, parfois élevés, sans amélioration sensible des performances.
Impact réel sur moteur et conduite
- Complexité accrue et points de panne supplémentaires.
- Admission plus encrassée avec EGR actif, effet potentiel sur la consommation et l'agrément.
- Sans EGR, le moteur respire mieux et s'encrasse moins. Les NOx augmentent cependant, ce qui demeure le point réglementaire visé.
Rejets d’ammoniac: un effet collatéral souvent oublié
Le système AdBlue fonctionne en générant de l’ammoniac (NH₃) qui neutralise les NOx. Mais une partie de cet ammoniac peut être rejetée sans être consommée: c’est le slip d’ammoniac. Ces émissions sont rarement mesurées lors des cycles d’homologation.
- Effets directs: irritant pour les voies respiratoires, yeux et peau.
- Effets indirects: formation de particules fines secondaires (PM2.5 et PM10) en se combinant avec les oxydes de soufre et d’azote. Ces particules sont associées à des maladies cardio-respiratoires.
- Impact environnemental: acidification des sols, eutrophisation des milieux naturels, perte de biodiversité.
Selon l’Agence européenne pour l’environnement (EEA), l’ammoniac est aujourd’hui considéré comme l’un des principaux contributeurs à la pollution atmosphérique en Europe. Le transport routier y participe directement via les systèmes SCR/AdBlue.
Cadre légal
La neutralisation des systèmes anti-pollution est en général interdite sur route. Certaines applications sur circuit privé, prototypes, usages industriels ou export disposent de règles différentes. Informez-vous toujours sur la réglementation locale et les exigences de contrôle technique.
Conclusion
EGR et AdBlue ont permis de réduire les NOx mesurés à l’échappement. Mais au prix d’une complexité technique, de problèmes de fiabilité et d’effets collatéraux comme les rejets d’ammoniac. L’écologie réelle ne peut pas être évaluée uniquement au pot d’échappement: c’est l’ensemble du cycle de vie, de la production à l’usage, qui doit être pris en compte.
Sources et références
- EEA – European Environment Agency. Air quality in Europe – 2023 report
- WHO – World Health Organization. Air Quality Guidelines 2021
- Sutton et al. (2013). The European nitrogen assessment: Sources, effects and policy perspectives. Atmospheric Environment.
- Grigoratos, P. et al. (2016). Emissions from road transport: An overview. JRC Science for Policy Report, European Commission.